Fondée sur des techniques de recherche et d'activation de ses ressources personnelles, l'apprentissage de l'auto-hypnose peut être une aide précieuses pour les personnes qui subissent un épuisement professionnel.

Plus d'énergie
Les personnes qui vivent un burn-out décrivent souvent l’impression d’être « à bout d’énergie », « vidées », « démotivées » ou « arrêtées », comme un mécanisme qui se serait grippé en cours de route et les laisseraient surprenamment sans ressources, comme démunis. Moi qui étais si sociable, je ne sors plus ; moi qui était si drôle, rien ne me vient plus, moi qui était si entreprenant, j'ai peur de tout.
On fait alors l’expérience de l’interruption du mouvement de l’existence et d’un état de confusion où les capacités d’attention sont altérées (parfois, la simple lecture d’un mail devient une tâche infranchissable, tout devient flou, la gorge se serre). C’est par le corps que la pause s’impose.
Cet épuisement de la volonté et de l’enthousiasme sont caractéristiques du burn out, notamment professionnel, et d’autant plus perturbant qu’on a été élevé dans le culte et le mythe de la sur-performance, de l'action continue, du volontarisme – « prendre sur soi», « quand on veut on peut », « ça va passer ».
Mais que faire quand ça ne passe pas ?
Il est fréquent que les personnes en burn out identifient très bien les événements, les causes factuelles, émotionnelles et comportementales (voire politiques, organisationnelles et sociologiques) qui les ont menées à cet état de vide sans pour autant parvenir à trouver les moyens de sortir de l’impasse, de repartir (quelle que soit la direction qui sera prise, mais de repartir). Les vieilles recettes de la volonté ne fonctionnent pas.
Rouvrir l’espace
Paradoxalement, s’ouvre alors un espace inexploré favorable à l'écoute de soi et de l’hors-de-soi que la pratique de l’hypnose peut aider, pour la première fois, à ménager et à naviguer, dans le but de retrouver ses capacités (d'abord) et d'identifier les courants d’une existence plus satisfaisante (ensuite).
Quitter le deuil, revivre, repartir, être une berge, un seuil - Edmond Rostand(1)
Cette exploration commence par une remise en mouvement physique, ancrée dans le réel, dans le présent, par le corps.
Par cette pratique psycho-corporelle qu’est l’hypnose, il se produit une reconnexion progressive avec ses ressentis, ses perceptions et les processus cognitifs qui étaient restés bloqués à une sorte de barrage à émotions construit on ne sait où et on ne sait quand au cours de notre parcours, et qui nous a condamné un temps à avancer comme privés du précieux GPS des sensations.
GPS des sensations qui nous aide pourtant à nous orienter dans la vie, dans nos relations, dans nos démarches manuelles et intellectuelles. Sensations agréables, satisfaisantes et joyeuses qui font le sel de l’existence. Sensations moins agréables voire franchement désagréables qui s’amplifie quand on les ignore et qui sont autant de balises pour nous alerter et nous repositionner dans le monde.
Bonjour tristesse, joie, etc…
Les exercices d’hypnose vont permettre de réautoriser en nous une connexion à ce qui est, une attention naturelle à ce qui circule et, cerise sur un excellent gâteau, à ce qui a été et peut toujours nous être agréable, joli, intéressant, utile, apprenant etc… (je vous laisse compléter la liste).
Séance après séance, exercice après exercice, les é-motions reprennent leur rôle moteur à mesure qu’elles sont simplement reconnues, acceptées, observées, illustrées, nomées dans leur diversité. A mesure qu’elles nous (re)deviennent familières, elles cessent de briller par leur absence de manifestation explicite et leurs surgissements inopinés (crises de paniques, douleurs physiques).
Au cours du processus hypnotique, les curieux s’amusent à nommer ce qu’ils sentent et ressentent avec de plus en plus de finesse, à enrichir leur bibliothèque de sensations et à diversifier les teintes de leur spectre émotionnel à grand renfort d’images ou de mots (mais aussi de notes, d’odeurs, d’expériences de textures).
La grande colère se verra ainsi affinée selon le cas en :
« je suis énervée »,
« je suis irrité »,
« je suis hors de moi »,
« fâché tout rouge »
ou encore « contre vous, contre moi vainement je m’éprouve »… (2).
Le grand parapluie de la notion de bien-être prendra les nuances du
« me voilà satisfaite »,
« je suis bien détendu »,
« j’ai la sensation d’être dans mon élément »,
« je suis dans la zone ».
On découvre en explorateur un monde de plus en plus grand et de plus en plus riche que beaucoup d’entre nous ont longtemps ignoré, un monde de sensations, de possibilités et de compétences non-activées, mais toujours là, bien présentes.
De surcroît et dans un même mouvement, nous gagnons en facilité à parler de nos états émotionnels avec d’autres, avec nos proches eux-même impactés par cette situation que nous vivons. Nous pouvons le faire de façon imagée, semi-directe, humoristique de manière à ménager la sensibilité et la pudeur de chacun. Notre travail personnel acquiert une dimension plus collective.
Muscu de l’attention
Tout au long de cette remise en corps et en mouvement, les processus attentionnels s’assouplissent eux aussi, nous apprenons à les maintenir plus ou moins ouverts ou tunnelisés en fonction de ce que demandent les situations, de comment on le sent, aussi. À porter notre attention sur ce qui nous importe et nous rassure en cas de stress, et à la laisser voyager au gré des surprises que nous réserve un environnement qui nous plait. Sur la gamme de la vigilence au laisser être, nous gagnons en souplesse, en fluidité, en imagination, en capacité d’orientation face à ce qui surgit en nous et dans la vie.
De désorientés, nous réapprenons donc à nous orienter de nouveau au quotidien, avec l’attention comme navire et les émotions comme boussole. Mais nous apprenons aussi, pour l’avenir, à reconnaître l’approche, puis l’émergence de moments plus douloureux, décapacitant, écrasants, des moments de surcharge ou de perte de repères imminente, nous apprenons à activer les états attentionnels permettant de les traverser au mieux.
Dorénavant, parce que nous nous sommes entrainés, nous faisons attention à tout cela sans même y penser : à un certain rythme qui s’accélère dans nos vies, à nos capacités du moment à y répondre ou pas, aux émotions diverses qui se présentent alors. Nous nous rendons pleinement présents à l’expérience que nous vivons pour pouvoir imaginer en conséquence des horizons que nous jugeons favorables. Pouvoir repartir, regonflé, réaligné, ayant pris le temps. (5)
Alternance et équilibre
La pratique régulière de la transe permet alors de soutenir et d’informer nos autres états de conscience, notamment des états plus familiers où le mental et la volonté sont davantage agissants. Notre nouvelle habileté à lâcher prise quand il faut nourrit ainsi (et paradoxalement !) notre capacité à décider et à diriger notre action quand il faut.
Outre le bien être immédiat ressenti lors des exercices d'hypnose ou d'auto-hypnose, véritable bol d’air frais en situation de burnout, les bénéfices visés par la pratique sont donc un rééquilibrage progressif, physique et émotionnel, un accès renouvelé à des ressources propres oubliées et une plus grande capacité à imaginer des solutions originales face aux situations rencontrées.
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Pour aller plus loin
extrait de Chantecler, texte d'Edmond Rostand
tirade d'Hippolyte dans Phèdre, pièce de Jean Racine